Podcast avec Mathilde Redon

Pourquoi ce podcast ?

Dans le cadre de mes recherches sur l'évolution des pratiques culturelles de la jeunesse et l'impact du numérique, il m'a semblé essentiel d'aborder des perspectives concrètes et des retours d'expérience du terrain. Le podcast hebdomadaire, avec l'invitée Mathilde Redon, a ainsi apporté un éclairage pertinent sur le rôle de l'esthétique dans les expositions et les dynamiques de fréquentation. Ce dialogue vient enrichir ma réflexion sur les freins et opportunités liés à l'accessibilité culturelle pour la jeunesse et la pertinence de l'outil événementiel.

Les thèmes évoqués dans le podcast renforcent plusieurs constats que j'ai pu dresser. Il a été question de l'influence majeure des réseaux sociaux non seulement pour la communication des expositions via les influenceurs, mais aussi par l'auto-promotion générée par les visiteurs eux-mêmes qui se filment et partagent leurs expériences immersives. J'ai pu y voir une confirmation de la facilité à attirer du public vers des expositions offrant une consommation plus "passive" et visuellement stimulante, en comparaison avec les musées classiques. Cette adaptation est perçue comme une nécessité face aux "lacunes attentionnelles" de notre génération, habituée aux contenus courts et dynamiques des plateformes numériques.

Le podcast a également mis en lumière l'importance d'une esthétique "pop", très visuelle et dynamique, comme un médium efficace pour communiquer sur la culture et attirer un large public, y compris ceux qui n'avaient pas de sensibilité artistique préalable. Ce qui conforte l'idée que l'outil événementiel est un moyen utile pour proposer la culture de manière accessible et attirante. Enfin, l'échange a souligné la nécessité pour les décisionnaires du milieu culturel de s'adapter aux changements des modes de consommation et d'impliquer davantage les jeunes dans ces processus pour mieux répondre à leurs attentes. Ce podcast s'inscrit donc pleinement dans l'analyse de l'événementialisation de la culture comme une réponse aux évolutions des pratiques culturelles des jeunes.

Podcast
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Transcription

ANNA

Bonjour à tous et bienvenue dans notre podcast hebdomadaire. Aujourd'hui nous parlons du rôle de l'esthétique dans les expositions et nous avons comme invité Mathilde Redon.


ANNA

Bonjour Mathilde, j'espère que tu vas bien. Merci beaucoup de me recevoir aujourd'hui. Est-ce que je peux te demander de te présenter s'il te plaît ?

MATHILDE

Bonjour Anna, je vais bien merci. Je travaille aujourd'hui à la Philharmonie - Cité de la musique. Avant ça je travaillais pour une entreprise qui s'appelle Culture Espace et qui fait des lieux d'exposition immersifs avec de la vidéo projection. Donc on connaît l'atelier des lumières à Paris, moi j'ai travaillé pour les bassins des lumières à Bordeaux et la fabrique des lumières à Amsterdam.

ANNA

Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation. Si je voulais qu'on discute aujourd'hui, c'est pour te poser diverses questions sur ta pratique du métier dans la mise en scène des expositions. Tout d'abord est-ce que tu as pu au cours de tes différentes expériences, ressentir l'importance et l'influence des réseaux sociaux à travers la manière dont on met en scène des expositions ?

MATHILDE

Oui parce que déjà pour communiquer sur les expositions, on doit forcément passer par les réseaux sociaux, donc souvent on fait appel à des influenceurs.

Ensuite je vois aussi une différence de public et de fréquentation par rapport au musée de la musique par exemple et aux site immersifs de culture espace. Je trouve ça intéressant de comparer les 2 endroits où j'ai travaillé parce que par exemple à Bordeaux, au bassin des lumières, c'est un endroit très très immersif avec de la projection partout, avec de la musique très fort etcaetera et donc les projections se sont projetées au sol et sur tous les murs, mais du coup aussi sur les gens et donc ils s'amusent beaucoup à se filmer et c'est assez esthétique. Même pour eux ils prennent, ils se prennent beaucoup en photo et caetera et donc ils vont beaucoup repartager ça sur les réseaux sociaux et je pense que c'est en grande partie pour ça que ça marche bien parce que la communication grâce aux réseaux sociaux elle se fait par elle même en fait, c'est les gens qui viennent qui font la com au final.

En comparaison, le musée de la musique qui a une collection permanente, donc là c'est vraiment des oeuvres qui sont accrochées dans des vitrines avec voilà on on se renseigne, on écoute les instruments, on écoute des textes et caetera. Donc ça ça se rapproche plus d'un musée classique et là les gens ne vont jamais se prendre en vidéo, ils vont rien poster, donc il n'y a pas la même communication, l'auto communication en fait qui se fait quand les gens se filment et caetera.

ANNA

Tout à l'heure on parlait comme quoi il y avait potentiellement une facilité à attirer du public vers des expositions qui peuvent être passives dans la consommation, est-ce que tu penses qu'il y a également un besoin de s'adapter aux lacunes attentionnelles qu'on a aujourd'hui parce qu'on a toujours on est toujours exposé à plus de contenus, à plus de possibilités et que du coup il y a une réelle nécessité faire justement des expositions qui soient hyper "dopamine" pour pouvoir attirer du public ?

MATHILDE

Les sites immersifs c'est totalement ça, on est passif. Pour les expos de la Philharmonie on n'est pas du tout passif mais par contre l'idée c'est qu'il y ait plein de choses à voir tout le temps et qu'on soit pas juste à lire un texte d'ailleurs je pense que les gens ils lisent pas trop les textes ils vont plus ouais regarder je sais pas des photos ou les vidéos ou surtout mais même ils vont pas trop se poser très longtemps devant un écran avec un casque ça c'est un truc qu'on prend vraiment en compte pour le coup on va jamais faire des vidéos très longues ou alors il faut qu'on ait un dispositif un peu de salle de cinéma où les gens sont assis et caetera mais les trucs à regarder au casque, enfin les vidéos à regarder et à écouter au casque, il faut vraiment qu'elles soient assez courtes parce qu'effectivement il y a ce truc-là de consommation de vidéos très courtes comme sur Instagram où tu scrolles et en fait faut que ça aille vite et il y a même sur TikTok encore pire quoi ça dure quelques secondes avant de zapper et du coup les gens en général ils vont pas se poser plus de d'une minute devant un sujet.

ANNA

Tout à l'heure je t'ai entendu dire que sur l'aspect visuel notamment dans le musée de la Philharmonie, vous pouviez faire des trucs assez pop, qu'est-ce que tu entendais par là ?

MATHILDE

Pop c'est un mouvement artistique et ça vient du mot populaire.

Donc en fait c'est quelque chose qui va toucher beaucoup de gens de par le côté très très visuel et très dynamique en fait de ce qu'on présente.

Visuellement ça va être des couleurs, des mouvements qui nous interpellent vraiment et donc par exemple quand on va communiquer, on va faire des teasers ultra dynamiques etcaetera peu importe le sujet je pense.

ANNA

Est-ce que dans ton expérience personnelle, tu as déjà été exposé, déjà été témoin justement quelqu'un qui te disait qu'il avait beaucoup plus de facilité à consommer des expositions immersives que des expositions avec comme tu dis beaucoup de choses qui sont écrites et que c'était plus difficilement accessible ce genre de de contenu.

MATHILDE

J'ai un très bon exemple de quelqu'un que j'ai rencontré un peu par hasard qui m'expliquait que cette personne-là n'avait pas vraiment de sensibilité artistique, qui ne s'intéressait pas forcément à la culture et du coup c'est quelqu'un qui va jamais aller dans un musée comme ça et en fait il a été touché, ça a touché quelque part une sensibilité artistique qu'il ne se connaissait pas quoi.

ANNA

Et du coup pour toi l'aspect aujourd'hui très visuel des expositions, c'est un bon médium pour communiquer sur la culture et pour attirer les gens à se cultiver ?

MATHILDE

Oui totalement.

ANNA

Dans le cadre de mes recherches, que j'ai vachement pu constater, c'est qu'il y a une réelle nécessité d'adapter la manière dont on propose la culture à la jeunesse notamment liée à l'ère numérique. Est-ce que tu as l'impression que dans les décisionnaires, il y a eu un réel changement vis-à-vis de la manière dont on on propose la culture au grand public ?

MATHILDE

Il y a un vrai changement parce que toujours on veut s'adapter au public de toute façon, donc quand le public change, les décisions prises elles changent aussi pour s'adapter à son public et pour viser son public.

Par contre je pense que pour que ce changement il fonctionne vraiment, il faudrait changer comme tu dis les décisionnaires aussi qui pour moi sont peut-être un peu trop la moyenne d'âge un peu trop élevée en fait. C'est-à-dire que si on veut faire quelque chose pour les jeunes, je pense qu'il faudrait que ce soit fait par les jeunes aussi.

Ça ne veut pas dire virer les vieux, mais qu'il y ait plus de diversité en fait à ce niveau-là. Et du coup, il faudrait qu'on donne envie aux jeunes de faire la culture eux-mêmes.


ANNA

Je te remercie en tout cas pour toutes les réponses que tu as pu m'apporter aujourd'hui dans le cadre de mes recherches et voilà je t'en suis très reconnaissante.

MATHILDE

Merci Ă  toi avec plaisir.


ANNA

Merci à tous de nous avoir écoutés et comme chaque semaine rendez-vous sur notre Instagram pour que vous nous partagiez quel thème vous voulez qu'on aborde la prochaine fois. Au revoir !